Une vague conservatrice mondiale?
- Anna Paula Petry
- 7 de abr.
- 3 min de leitura
Il y a quelques semaines je suis tombée sur une vidéo du journal Le Monde sur Instagram qui discutait des raisons pour lesquelles les jeunes en France boivent de moins en moins d’alcool. Les chiffres montrent qu’il a eu une réduction de 2017 à 2022 (de 44% à 36,6%) des jeunes qui consomment de l’alcool. Selon la vidéo on trouve trois facteurs qui influencent probablement cette décision: les effets négatifs sur la santé mentale ou physique, les troubles du sommeil ou encore la prise de poids. Pensez-vous aux raisons de cette prise de conscience de la nouvelle génération? Cela m’a fait réfléchir…

Au Brésil, ce n’est pas une nouvelle la tendance des jeunes conservateurs qui évitent les comportements qu’avant étaient normalisés pour la période des 18 ans aux 30 ans: des fêtes, des rencontres amoureuses, des boissons alcooliques… Au-delà des habitudes qui changent, il y existe une forte présence de la religion dans ces cas-là. Au Brésil et en France, les jeunes commencent volontairement à entrer dans des églises de plusieurs religions: au Brésil il y a la prédominance des évangéliques, en France de l’islamisme. Mais, est-ce que cette mode est vraiment nouvelle?

Vous savez que moi, j’aime l’Histoire et si on retourne au passé, on trouve plusieurs périodes qui ont été tellement conservatrices (dans plusieurs sens). Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le monde a vécu des moments plus “ouverts” qui vont se terminer dans la vague des hippies, les luttes des droits de femmes et civils des années 60 et 70. Il y avait tout un esprit de liberté sexuelle, la pilule, l’IVG en France... Même dans le champ politique, avec la Révolution Chinoise et l’Union Sovietique, il existait un chemin d’espoir pour le futur de cette génération. Ce qui se termine aux années 80 avec l'épidémie de SIDA, le retour des politiques conservatrices et le nouveau modèle de néo-libéralisme incarné par Margaret Thatcher en Angleterre et Ronald Reagan aux EUA. C’est aussi la fin de l’Union Sovietique et le début d’une nouvelle ère d’habitudes dans le monde.
Dans le cas du Brésil, pendant les progrès au Nord Mondial, on vivait une sanglante dictature civil-militaire (en Amérique Latine), et on voyait tous ces politiques et habitudes progressistes à travers la culture et les actualités (même s'il a eu quelques “petites avancées” durant cette période). On a vu les premiers indices de progressisme après la fin de la dictature et la création de notre Constitution citoyenne de 1988 et toute une génération croyait pouvoir changer le destin du pays. Après les crises financières et politiques des années 90, finalement le Brésil est entré dans le débat du progressisme mondial.

La jeunesse des années 2000 (moi, je suis incluse dans ce groupe) a grandi avec les espoirs du pays du futur: une économie florissante, des investissements étrangers et aussi internes, des politiques d’inclusion... On pouvait rêver d’un avenir superbe pour nos vies, on entendait les cris des minorités, on discutait les chemins pour le développement des droits de femme, tel que l’avortement et même la légalisation du cannabis. Les femmes ont commencé à débattre sur les questions du féminisme en classe et en société, avec une ouverture dans les médias traditionnels, les violences et les inégalités de genre sont devenues des sujets de plus en plus normaux dans la société brésilienne, et combattre tout cela a commencé à être indispensable pour cette génération.
Tout cela se termine avec l’impeachment de Dilma et la profonde crise économique et sociale qui s’installe juste après: on commence à entendre les voix du conservatisme vers 2016, le discours commence à changer. Tous les débats et discussions des années précédentes ont disparu aux élections 2018 et on retourne à des idées complètement régressives. Le champ politique commence à être envahi par des figures nulles et s’est contaminé de plus en plus avec les fake news et les discussions qui font régresser notre pays à des périodes beaucoup plus conservatrices.
C’est à ce moment-là qu'on se trouve: dans l’épuisement du débat public qui importerait et qui pourrait changer les vies. Une société qui commence à devenir conservatrice dès 2016 gagne beaucoup de force après 2018 et la vague contraire du progressisme du début du siècle se présente comme hors-système. Tous ces événements résultent de la jeunesse d’aujourd’hui, qui contrairement à la mienne, a grandi avec des discours beaucoup plus misogynes, incels et rétrograde. J’imagine que les moments qu’on vit actuellement ne sont pas des nouveautés dans l’Histoire et je pense qu'arrêter l’alcool, les drogues et que s’occuper de la santé, c’est positif en général, mais il faut faire attention aux raisons pour lesquelles ce type de comportement est en vogue. Si c’est un phénomène individuel ou collectif et s'il dit d’autres choses sur notre jeunesse et société actuelle. Qu’en pensez-vous?
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