Flâne un peu !

Seguindo a ideia da Elisa, que publicou há algumas semanas um texto escrito pelo nosso aluno Vinícius, hoje venho compartilhar com vocês um texto de uma aluna muito querida, a Gisele.

Há algum tempo venho trabalhando escrita criativa em francês em algumas aulas particulares e também em turmas, e o resultado costuma ser lindo demais! É sempre muito interessante acompanhar os alunos se aventurando na escrita literária, um gênero que exige mobilizar as competências mais sensíveis, poéticas e subjetivas da língua, que revelam uma relação mais profunda com o idioma.

O texto de hoje nasceu depois de trabalharmos um vídeo que falava sobre o conceito de distinção social, de Pierre Bourdieu, e de lermos juntas alguns trechos de livros dos autores Didier Eribon e Édouard Louis. A Gisele, que já escreve e tem uma veia artística e literária super aguçada, além de um ótimo nível de francês, transformou essa reflexão sociológica e literária em uma narrativa sensível, tendo como inspiração suas flâneries no Mercado Público de Porto Alegre. Deixo vocês com esse texto belíssimo! Bonne lecture !

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Flâne un peu !

de Gisele Battistelli

300 grammes de saucisson finement tranché et un morceau de brie. Les baguettes ont l'air délicieuses, croustillantes, tout juste sorties du four ; je vais en prendre une. À côté de moi, il y a une dame qui porte un grand pot de moutarde ; elle attend le caissier tranquillement, en admirant son Dijon original.

Je paie mes courses et, avant de sortir, je jette un dernier coup d'œil aux rayons de vin. Chaque bouteille me donne une soif particulière, typiquement alcoolique. Ça me rappelle ma lointaine jeunesse, quand j'étais immunisée contre la gueule de bois. Pratiquement une madeleine de Proust liquide. Les rosés français sont mes préférés.

Un jeune homme fait la même chose que moi, bien posé, les cheveux bien tirés. Il prend un Italien, le Regaleali, très cher. Tout à coup, j’imagine qu’il occupe un poste à haut niveau, peut-être qu’il veut créer une ambiance sensuelle chez lui ce soir, avec une jeune femme plutôt riche. Son bon parfum renforce l’image que je viens de me faire.

Je sortais quand quelqu'un m’a heurtée ; j’accepte ses excuses, parce qu’il s'agit d’une dame noire, aux cheveux afro, qui porte un t-shirt où il est écrit : “Lutte comme une prof !” Ça me parle beaucoup. Je suis aussi prof et je sais de quelle bataille elle parle.

Plus loin, des morceaux de viande sont empilés dans la boucherie : très chelou ! Des têtes de porc, des testicules de bœuf. Plein d’animelles qui sont à la fois des mets délicats pour les riches et des abats bon marché pour les pauvres. Sur place, une chose attire mon attention : la blouse de travail du boucher. Elle est tachée de sang autour des poches ; je la regarde comme une œuvre d’art faite de blanc et de rouge, où je peux presque lire ses empreintes digitales. Je réfléchis : il se peut qu’il ait cet air fatigué à cause de sa prison derrière le comptoir.

Pour me libérer de cette tristesse et me rafraîchir, je décide de prendre une glace dans cette glacerie traditionnelle. Les glaces ? Pas grand-chose. Pendant ce temps, un peu plus loin, j’observe plusieurs clients attendant une table à l'intérieur du restaurant. Pendant qu’ils attendent, un saxophoniste les divertit. Une image très contrastée avec la présence d’une femme sans abri qui mange une pomme, assise dans un coin tout près. Peut-être que la tranquillité de la scène va prévaloir si tout reste ainsi.

L’odeur du poisson, caractéristique du Marché Public, se mélange à plusieurs autres. Celle que je reconnais bien, c’est l’odeur herbacée qui vient du magasin d’articles d’Umbanda tout proche.

Je m’en vais avec le sentiment d’une fausse paix entre ces différents univers. Toutes ces distinctions dont je parle ne sont visibles que si l’on se propose de les observer.